Critique 3 jours max : Une parodie (ratée ?) des films d’espionnages

Published 2024-02-16 00:00:00

A la suite de 30 jours max sorti en 2021, et comme si un seul film ne suffisait pas, Tarek Boudali livre une seconde parodie (ratée ?) des films d’espionnage. 3 jours max reprend les codes connus, qui multiplie les citations et qui se perd dans un dédale sans fond. Un long-métrage qui ne surprend en rien.

La première scène propose le seul retournement de situation imprévisible du film. On croit assister à une scène de torture, finalement, ce n’est qu’un simple exercice, un entraînement pour devenir agent secret. Le problème, c’est que Rayane n’a rien d’un agent et qu’il réussit seulement parce que … mais en fait, pourquoi réussit-il ? Rien ne passe, tout casse, chaque situation se heurte aux stéréotypes et ce que Tarek Boudali croit drôle ne l’est pas. 3 jours max ne vaut pas la peine d’être vu, à se demander pourquoi il a été réalisé (si utiliser le verbe “réaliser” n’est déjà pas une antithèse). 

Une parodie un peu trop prévisible

Qui aurait pu prévoir qu’un film d’action de seulement 1h30 pourrait être si long ? 3 jours max est à l’image du personnage de Tony (Philippe Lacheau) qui se prend pour David Guetta et réalise des DJ set à partir de playlists préenregistrées, autrement dit, vide. Les scènes s’enchaînent à vive allure sans qu’on ait le temps d’en apprécier une seule, les blagues sont un échec cuisant tant elles ne sont pas percutantes et mal scénarisées. L’humour est lourd, beaucoup trop lourd, et comme si cela ne suffisait pas, les blagues durent et se répètent. A l’instar de Pierre (Julien Arruti) qui ne cesse d’oublier ce qu’on lui dit de faire : un oubli passe encore mais deux ou trois ? Non, il faut savoir s’arrêter.  

© Axel Films Production

3 jours max se voulait être une référence parodique de Mission Impossible, mais l’ambition du réalisateur dépasse de loin ses capacités. Le film dégringole lentement, tel que Rayane ventousé au building qui colle et se décolle de la paroi, avant de s’écraser en bas. 3 jours max est tout juste un amalgame de références cinématographiques. D’Indiana Jones à Terminator en passant par James Bond, les classiques de l’action et de l’aventure sont cités, mais à quoi bon ? Tarek Boudali s’octroie le droit d’utiliser des classiques afin de séduire le spectateur mais rien ne peut rattraper son film qui n’est qu’un flop monumental. 

Et la femme dans tout ça ? 

Comment parler de ce film sans aborder la place de la femme, représentée en simple potiche sans aucune personnalité ? Pour illustrer ces propos misogynes, pas besoin de chercher loin, il suffit de mentionner la scène de la voiture où Pierre montre à Tony sa copine, ou plutôt, le corps mince en maillot de bain d’une femme sans visage. Car à quoi cela sert-il de caractériser un personnage quand il suffit de montrer son corps quasi nu ? L’approbation est directe, à l’image de la réponse enrichie que formulera Tony : “oh la la, comment elle est bonne !”.

Et le pire, c’est que les exemples se multiplient. Aux femmes en maillot se joignent celles aux visages et corps transformés par la chirurgie esthétique. Et puis s’ajoute aussi la mère de Pierre qui ne désire qu’une chose : tuer son mari pour récupérer son héritage. A croire que la femme ne peut être qu’un objet ou une cruche sans aucune conviction.

© Axel Films Production

Stéphanie (Vanessa Guide) est peut-être le seul personnage féminin – ou tout simplement le seul personnage – qui tient la route dans le film. Elle seule semble avoir la tête sur les épaules et de réelles compétences en tant qu’agent. Cependant, même si elle permet de réduire un minimum la vision sexiste du film, elle garde sa place de femme : celle qui a du talent mais qui reste au service de son copain stupide.

On peut le dire, 3 jours max n’est en rien une création originale, tout juste un amas de sketchs qui ne font pas rire. Le film ne parvient jamais à décoller, donc oui, il est possible d’affirmer que 3 jours max est un fiasco, et des plus réussis.

Un film à (ne pas) découvrir au cinéma depuis le 25 octobre 2023.

Avis

3 jours max de Tarek Boudali se veut drôle, sans l'être. Un film parodique d'espionnage qui ne parvient qu'à être une parodie de lui-même, et encore. Heureusement que le cinéma français ne se résume pas à ce type de film, il faut savoir chercher plus loin.

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Source : linfotoutcourt.com

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