Critique Vermines : huis-clos d'arachno

Published 2024-02-16 00:00:00

2023 aura été une sorte de chrysalide pour le cinéma de genre français, et Vermines semble être là pour le rappeler alors que cette riche année se conclut. Loin d’être la dernière roue du carrosse, ce huis-clos horrifique fait preuve d’une franche maîtrise, tandis que le réalisateur Sébastien Vaniček use avec escient de l’arachnophobie pour livrer un premier film efficace.

Vermines vient clôturer une année de cinéma français surprenamment riche en cinéma de genre, que ce soit pour le meilleur (Le Règne Animal, Vincent doit mourir, Farang, Les Rascals) et pour le pire (Gueules Noires, Apaches, Voleuses, Les Trois Mousquetaires). C’est donc avec une attente tout à fait mesurée que débarque pour cette fin d’année un long-métrage tout à fait casse-gueule : le film d’araignées !

En effet, les plus déviants d’entre-nous se rappellent évidemment d’Arac Attack ou bien Arachnophobia, des productions qui sentaient le bis à plein nez ou qui se vautraient globalement dans les grandes largeurs du frisson. Sébastien Vaniček a en effet bien compris qu’il existait encore un boulevard pour exploiter les fameuses bébêtes à huit pattes, ayant en tête de faire de Vermines son premier film depuis presque 15 ans.

Critique Vermines : huis-clos arachno
© Tandem

S’ouvrant sur une intrigante introduction au Moyen-Orient (belle influence de L’Exorciste de Friedkin), Vermines sait créer l’attente en présentant une obscure race d’araignées qui va être importée en Occident. C’est dans ces conditions que Kaleb (Théo Christine), amateur de bestioles exotiques en tout genre, ramène un spécimen dans son appartement, au sein d’une tour en pleine banlieue parisienne.

Mais ce qui devait arriver arriva : la bestiole s’échappe, et commence à pondre. Rapidement le phénomène va prendre de l’ampleur, jusqu’à tuer divers habitants de l’immeuble. Laissés seuls à leur sort suite à une quarantaine, Kaleb, son pote Mathys (Jérôme Niel), sa sœur Manon (Lisa Nyarko), son ex-associé Jordy (Finnegan Oldfield) et sa copine Lila (Sofia Lesaffre) vont tout faire pour s’en sortir.

Araignée bien emballée

Avec Vermines, Vaniček signe un film de genre tenu et pris au sérieux. D’entrée de jeu, le spectateur pourra en effet noter un soin de fabrication global tout à fait appréciable : mise en scène carrée usant d’une caméra auscultant chaque recoin des décors, photographie travaillée offrant une ambiance un tantinet lugubre, très bon sound design immersif et BO renforçant la tension globale..

Critique Vermines : huis-clos arachno
© Tandem

Un travail soigné, proposant une réalisation de bon élève appliqué en ce qui concerne l’anticipation/réaction quand à l’utilisation des araignées. Autant dire que les arachnophobes ne vont sans doute pas passer un moment très agréable, tant Vermines use justement à bon escient de cette menace minuscule pouvant s’insinuer partout. Conduits, dessous de lits et même chaussures…ces dernières sont partout, dans des séquences parvenant tout de même à se renouveler avec une vraie aisance.

Vermines croissantes

On peut d’ailleurs compter sur un excellent travail aux VFX signé Mac Guff (La Cité des Enfants Perdus, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain), parvenant à mêler effets pratiques, vraies araignées et CGI dans un tout cohérent sans que le spectateur puisse déceler la supercherie. Usant d’abord de la peur du noir et des recoins, avant d’aller vers le full frontal plus graphique, le délire va pousser encore plus loin dans un climax allant presque vers l’actioner-survival pur et dur.

Critique Vermines : huis-clos arachno
© Tandem

Ce sera sans doute la limite de Vermines, dont la paranoïa et la tension insidieuses savamment orchestrées précédemment va s’étioler lors de sa dernière ligne droite sous forme de train fantôme à grosses araignées. Le scénario vire ainsi un peu plus avec le bis plus décomplexé, parasité par des couleuvres narratives (le rôle de la police, la survie à géométrie variable des divers protagonistes…) plutôt regrettables.

Mais ce qui parvient à tenir l’ensemble de Vermines est son très bon casting, en particulier Théo Christine, Sofia Lesaffre et Finnegan Oldfield, tandis que Jérome Niel surprend en sidekick humoristique ne trahissant jamais le postulat de série B faite sérieusement. Les personnages (archétypaux certes) sont parfaitement introduits, bien traités et surtout incarnés, tenant l’ensemble de Vermines avec une aisance rare, malgré les écueils inhérents pour un premier métrage. Un joli coup d’essai en définitive !

Vermines sortira au cinéma le 27 décembre 2023

avis

Vermines est une nouvelle preuve que le cinéma de genre français peut délivrer entre de bonnes mains, dans un huis-clos à la tension savamment orchestrée, au casting incarné, et à la fabrication carrée. Dommage que le tout vire au train-fantôme plus grossier sur la fin, mais qu'importe, Vermines reste une jolie réussite bien efficace !

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Source : linfotoutcourt.com

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